Archives Mensuelles: février 2015

La violence conjugale

La violence conjugale à travers le service de médecine légale de l’hôpital de Zéralda

La violence exercée par un partenaire intime peut revêtir différentes formes : violences physiques (coups et blessures), violences psychologiques (menaces verbales), violences sexuelles (viol conjugal), violences économiques et sociales (ressources financières confisquées par le conjoint, coupure des liens avec les amis et/ou la famille).
La prise en charge des victimes de violence conjugale requiert une attention particulière du fait du traumatisme physique, psychologique, social lié aux violences subies.
Le cycle de la violence conjugale
Certaines recherches se sont attachées à décrire le processus de la violence au sein du couple, en mettant en évidence l’existence d’un cycle de la violence. Celui-ci se caractérise par un climat de tensions crescendo aboutissant à une situation de crise, suivi d’un épisode de relâchement des tensions dans lequel l’homme cherche à se faire pardonner et à justifier ses actes. Pendant quelque temps, le couple a le sentiment d’un bonheur retrouvé. On parle alors souvent de «lune de miel» qui permet d’oublier la scène de violence. Cette phase permet aux conjoint(e)s de croire que la violence ne surviendra plus, mais les tensions s’accumulent à nouveau au fil des jours et le cycle reprend, avec une intensité et une fréquence accrue au fil des épisodes. (Leonore Walker, 1977-1979)
La prise en charge médicale en théorie
Les différentes étapes de la prise en charge médicale sont l’accueil, l’écoute, l’anamnèse, l’examen clinique, les examens paracliniques, les soins, l’information, l’orientation et la rédaction des documents médicaux, notamment le certificat médical initial.
1-L’acceuil :
Il doit être humanisé, technique, assurer la confidentialité de l’entretien, ne pas être dérangé durant l’entretien, être serein, favoriser un climat de confiance.
2-L’écoute :
Le médecin doit laisser parler la victime, ne pas la brusquer, ne pas juger, ne pas suggérer des réponses, l’amener progressivement à parler des faits, savoir détecter les signes d’appel.
3-L’information/l’orientation :
Informer la victime sur ses droits : protection, accès aux conseils et à l’assistance dont elle a besoin pour faire valoir ses droits, la reconnaissance du statut de victime, les démarches, les recours sociaux, les procédures administratives et judiciaires.
En pratique
Généralement, la victime passe aux urgences médicales, elle est prise en charge par l’externe ou l’interne de garde qui a une surcharge de travail, il n’est pas assez formé pour y faire face, il n’a pas beaucoup de temps à accorder à une personne dont le pronostic vital n’est pas mis en jeu. La structure d’accueil n’est pas humanisée, n’est pas adéquate : les malades et les victimes de violence (des blessées) se retrouvent dans la même structure. La prise en charge médicale est différente : le pronostic vital est la priorité du service des urgences ; le médecin doit agir vite et bien. Donc il a peu de temps à accorder à la victime de violence conjugale.
L’accueil est déshumanisé, l’anamnèse limitée, la victime n’est pas écoutée, elle n’est pas examinée correctement, elle est mal ou pas orientée, le certificat médical initial est non rédigé, sinon incomplet, la terminologie des blessures non respectée, il arrive que de graves lésions passent inaperçues, il y a une grande confusion entre ITT (incapacité temporaire totale) et arrêt de travail. Il arrive même que certains médecins découragent la femme victime de violences conjugales de déposer plainte.
Etat des lieux
En Algérie, une série de situations de violence se sont succédé dans le temps. La guerre d’indépendance, les événements de 1988, les années sombres du terrorisme, une succession de catastrophes naturelles et humaines. La violence s’est stratifiée avec le temps par le manque de prise en charge réelle et de prévention des répercussions de cette violence sur la population. La violence a fini par gangrener tous les milieux : la rue, les stades, le milieu professionnel, le milieu scolaire et universitaire et le milieu familial.
Cet exposé n’a nullement la prétention d’être une analyse sociologique de la violence en Algérie. Il se penchera sur la victime de violence conjugale et j’essayerai de faire une modeste analyse à travers mon activité médico-légal à l ‘hôpital de Zéralda. Les violences envers les femmes ont un fondement commun : la domination sexiste.
Elles s’inscrivent en partie dans un cadre culturel où l’utilisation de la violence représente «l’instrumentalisation» du «pouvoir masculin» sournoisement accepté et longtemps reconnu par l’ensemble de notre organisation sociale.
Dans notre société où, culturellement, l’apprentissage de la violence est légitimé par les hommes, parfois encouragé par les mères qui donnent tous les pouvoirs de dépassement du frère sur la sœur. Nous observons à terme des dysfonctionnements qui entraînent des prédispositions à recourir à la violence dans les rapports aux femmes dans un système social construit, ayant permis de transformer l’agressivité humaine en violences organisées.
La violence envers les femmes est une grave violation des droits fondamentaux de la personne , notamment le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique et à l’intégrité psychologique et mentale, le droit à la sécurité, le droit à la liberté, le droit à la dignité.
A travers mon expérience, je peux dire que la violence envers les femmes est l’une des violations des droits de la personne la plus répandue et cependant la moins reconnue. En ce sens, la violence contre les femmes est une atteinte à la citoyenneté, une blessure citoyenne.
La femme victime de violence qui se présente à la consultation de médecine légale n’est pas malade : elle est blessée. En plus des traces de lésions de violence infligées bestialement sur son corps, les violences psychologiques induisent un sentiment de honte, de culpabilité, de mésestime de soi favorisant le phénomène d’emprise.
«On entend par violence psychologique le fait de ne pas veiller à offrir un environnement convenable et positif et de commettre des actes qui nuisent à la santé mentale et affective d’un individu. Les violences psychologiques sont difficilement objectivables pour un intervenant extérieur. Elles sont aussi plus difficiles a discerner et à repérer par la victime elle-même.» (Evelyne Josse. psychologue)
«Pour certaines femmes, la violence morale des insultes et des brimades constantes est ressentie plus douloureusement encore que la brutalité physique, car cette violence ébranle le fondement même de leur confiance en soi et de leur sentiment de sécurité ; le sens et les répercussions de cette violence peuvent être fortement intensifiés par un seul épisode de violence physique.» (La violence à l’égard des femmes : un problème de santé prioritaire. Femmes, Santé et Développement ; OMS 1997.)
Le déni fréquent des violences par les professionnels et la société ne permet pas toujours un traitement juridique et social du phénomène de la violence, ce qui implique la nécessité d’une formation continue des médecins, des magistrats, de la police, de la gendarmerie, des intervenants sociaux afin qu’ils soient sensibilisés aux problèmes des victimes et la création d’un corps de juges spécialisés dans les violences faites aux femmes.
A travers le vécu des victimes, nous considérons que la violence prive les femmes de :
-Liberté, en ce sens où la violence et ses effets, y compris traumatiques, limitent les espaces, les capacités de faire, de dire, d’agir, de se mouvoir, de vivre tout simplement ;
– d’accès à l’égalité : En plus de la violence subie en milieu conjugal, elle se trouve violentée encore par son ignorance des recours sociaux offerts, les difficultés procédurales, leurs coûts, leur inaccessibilité, la perte de confiance dans les institutions garantes de la sécurité comme dans celles chargées de la répression ou de la réparation, la perturbation de tout un «ordre social» établi ; le manque de structures d’accueil, le manque de soutien familial. Tous ces éléments la découragent pour porter plainte.
Actuellement, la prise en charge médico-légale de la victime se limite au certificat médical qui est à destination de la justice pour l’éclairer sur les blessures des victimes et leurs conséquences ; c’est comme si le rôle principal du médecin est avant tout le constat précis dans une optique davantage judiciaire que tournée vers la victime.
La mission première du médecin ne consiste pas uniquement dans le devoir de soigner, mais compte un devoir d’assistance aux faibles et aux victimes. Cette assistance se doit d’être humaine autant que technique
Reconnaître la violence et identifier ses différentes formes (physique, morale, économique, sociale, sexuelle) : car son déni est une agression secondaire qui transforme la victime en accusée, l’enferme dans le silence, renforce le sentiment de honte et de culpabilité.
Situer la violence au regard de la loi, c’est un pas vers la restauration de la citoyenneté, ce qui permet d’accéder à la réalité objective des faits :
– La violence est interdite ;
– c’est une violation du droit ;
– elle entrave la liberté des femmes ;
– il n’y a pas d’excuse à la violence ;
– la violence conjugale doit être considérée comme un délit.
– Accéder à une forme de rééducation :
-Pour les victimes, sortir de l’impuissance, aller vers l’action et la reconnaissance de soi et de ses droits.
-Pour les auteurs, sortir de la toute puissance et aller vers la reconnaissance de l’autre.
L’Etat a le devoir de prendre des mesures positives pour prévenir les actes de violence à l’égard des femmes, les protéger de tels actes, en punir les auteurs et offrir réparation aux victimes (réparation est différente d’indemnisation). La réparation passe par la reconnaissance sociale et par les soins. Ce travail se fait avec la mobilisation de différents intervenants : justice, psychologues, médecins.
Il faut la reconnaissance sociopolitique de la victimation devant aboutir à des modifications de la loi. Il est grand temps d’inscrire la violence conjugale comme délit. Les violences psychologiques au sein du couple qui ne laissent pas de traces somatiques mais détruisent la personne, doivent être reconnues et prises en considération par le législateur algérien. La diversité et l’ampleur des traumatismes subis par les victimes rendent impérieuse leur prise en charge globale : indemnitaire (psychologique et sociale) par des professionnels spécialement qualifiés, en harmonieuse transdisciplinarité et en total partenariat. Cette prise en charge globale médicale, juridique, psychologique et sociale ne peut se faire que dans une unité de victimologie. Le but est d’éviter à la victime tous les soucis qu’elle peut rencontrer dans sa reconstruction.
La victimologie tend à des résultats pratiques : aider les victimes en danger et en préserver d’autres de celui-ci. Elle doit se mettre en place en élaborant des projets pratiques qui combineraient au sein de la médecine, la recherche et les soins et qui s’articulerait avec d’autres disciplines.

la maltraitance ses enfant en algerie

En Algérie, et d’une manière générale, la protection de l’enfance et de l’adolescence relève des dispositions constitutionnelles qui garantissent la protection du citoyen en général. D’une manière particulière, elle est assurée par des dispositions consacrées par des textes législatifs et réglementaires spécifiques.

Parallèlement à cela, l’Algérie a ratifié, le 19 décembre 1992, la convention relative aux droits de l’enfant (CDE) adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies, le 20 novembre 1989, considérant dorénavant l’enfant comme un sujet de droit. Cette convention a cerné les principaux droits de l’enfant qui s’articulent essentiellement sur la paix, la dignité, la tolérance, la liberté, l’égalité et la solidarité ainsi que sur la garantie du droit à l’opinion, à l’expression, à la participation et à la prise de décision. C’est dans ce cadre, qu’un grand nombre d’associations, activant dans le domaine de l’enfance ont décidé de se former en réseau, dans l’espoir de voir  émerger dans la société civile un réseau solide, susceptible de porter des valeurs communes pour la protection de l’enfant. Une telle décision a donné naissance au Réseau Algérien NADA pour la Défense des Droits des Enfants, qui s’assigne comme missions principales la promotion des droits de l’enfant, d’assurer la protection de l’enfant et de créer des passerelles entre la société civile et les institutions.

INT_CRC_NGO_DZA_60_8630_F

Maltraitance sur mineur

La maltraitance sur mineur (ou maltraitance à enfant) désigne de mauvais traitements envers toute personne de moins de 18 ans « entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité »1. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) inclut dans ces mauvais traitements toute violence ou négligence, physique ou affective, notamment lessévices sexuels et l’exploitation commerciale1.

« Environ 20% des femmes et 5 à 10% des hommes disent avoir subi des violences sexuelles dans leur enfance, et 23% des personnes déclarent avoir été physiquement maltraitées dans leur enfance »1. Les victimes sont souvent dépendantes et sans défense. La maltraitance a souvent des conséquences durables sur la santé physiologique et psychique. De plus, elle a fréquemment des conséquences majeures sur le développement, ce qui se traduit dans le bonheur ou les souffrances, voire dans la maltraitance des adultes qu’ils deviendront. suite

developpement de l’enfant

Le développement moteur
Informations données par le Dr Alain Renault lors d’une conférence.
Les capacités motrices du très jeune enfant connaissent un développement spectaculaire
durant les douze premiers mois. Impotent et totalement dépendant à sa naissance, le bébé
acquiert, en quelques mois, un contrôle et une autonomie notables dans la production des
mouvements de la tête (orientation, détection) des bras et mains (prise et exploration d’objets),
des jambes (locomotion). Ce développement va de pair avec des modifications importantes du
système nerveux central et de la maturation fonctionnelle des structures cérébrales.
La myélinisation1 s’étend surtout de la naissance à l’âge de 4 ans.
Elle conditionne l’augmentation de la vitesse de conduction des fibres nerveuses, et donc la
finesse et la rapidité des mouvements volontaires, l’habileté motrice.
Si la localisation exacte d’un neurone est génétiquement déterminée, les contacts s’établissent
avec les autres neurones de façon aléatoire. C’est le fonctionnement ultérieur qui privilégie
certaines connexions, et entraîne la régression de celles qui sont inutiles.
La myéline est une structure vivante qui constitue à elle seule la moitié du poids du cerveau.
Elle tisse sa gaine isolante, et chaque étape signe la «maturation du cerveau ».
A partir de 10 ans tout le cerveau est myélinisé.
On a observé que lors d’apprentissages, cette myélinisation se déclenche à nouveau chez
l’adulte. Les transformations sont plus qualitatives que quantitatives.
Au plan des habiletés motrices, l’enfant ne peut réaliser aux différents âges que ce que lui
autorise sa maturation nerveuse.

developpement_enfant_dossier (1)   pdf

developpement_enfant_dossier (1)