Quel est l’état de la santé en Algérie ?
L’état de la santé en Algérie est préoccupant. En particulier le secteur public, qui est victime d’une gestion administrative centralisée ne laissant pas de place à la réflexion et à la proposition. L’Algérie a choisi un modèle social semblable à celui de la France. Pour des raisons stratégiques, la santé publique doit constituer l’essentiel des prestations de santé. L’Algérie a les moyens d’offrir aux citoyens les soins nécessaires, avec les assurances sociales ou en prenant carrément à sa charge les opérations chirurgicales et les traitements. Il se trouve que ces dernières années, si les budgets de la santé ont été conséquents, leur gestion et leur utilisation ont été faits d’une façon chaotique. Ce qui a provoqué des conflits sociaux, des disparités régionales et des erreurs fondamentales dans le fonctionnement des espaces publics de santé. Et surtout une perte de confiance de la part du citoyen dans le secteur de la santé publique.
Aujourd’hui, lorsque le citoyen lambda, est malade, sa première réflexion est d’aller dans le privé. Ce n’est pas normal. L’État a quand même consenti des efforts, avec son modèle de soin français, où les prestations de soins et l’accès au succès sont totalement garantis à tout citoyen algérien. Or, la réalité du terrain montre le contraire. Le rendement des hôpitaux publics n’a pas été à la hauteur des dépenses consenties.
Vous dites que les hôpitaux publics sont mal gérés, ne faut?il pas alors confier leur gestion à des étrangers ?
L’État doit rester souverain sur la gestion de la santé en général et des hôpitaux en particulier. Un peuple en bonne santé est un peuple qui peut travailler, être à la disposition des États pour toute éventualité. Le secteur de la santé est aussi stratégique que la défense nationale. Les Algériens doivent penser à déterminer leurs besoins en matière de santé pour développer des politiques de prévention conséquentes ainsi que les traitements appropriés. Si on donne la gestion des hôpitaux aux étrangers, c’est une pénétration dont on connait peut?être les tenants, mais pas les aboutissants.
Déjà, en matière de médicaments, nous ne sommes pas maîtres du tout de notre action médicamenteuse. Un exemple : nous avons importé des quantités considérables de Tamiflu, ce vaccin contre le virus A H1N1, qui s’est avéré ensuite être une véritable arnaque. C’est l’une des facettes de la pression exercée par les grandes firmes pharmaceutiques. La gestion n’est pas tout à fait en cause dans la situation des hôpitaux algériens.
Que faut-il faire pour permettre aux hôpitaux publics de jouer pleinement leur rôle ?
Le service public doit représenter 80 % du secteur de la santé, comme c’est le cas en France. Les 20 % restants, c’est pour les des gens qui ont les moyens de se soigner dans le privé. Partant de là, le parc de la santé public mis à la disposition des citoyens est à revoir. Nous passons notre temps à réparer de vieux hôpitaux comme Parnet, qui date des années 1940, Mustapha, Maillot, Annaba et Constantine, construits dans les années 1950. Alors qu’il est plus facile de construire des hôpitaux modernes, faciles d’accès et qui permettent de mieux soigner les citoyens, de faire des économies de temps, de chauffage, etc. C’est un investissement probablement onéreux, mais qu’il faut faire dans notre pays.
La médecine est interventionniste aujourd’hui. L’hôpital doit être accessible par hélicoptère. L’hôpital Mustapha, situé au centre?ville d’Alger, n’est pas facile d’accès à cause des embouteillages. Les équipements hospitaliers sont à revoir. Il est inacceptable d’avoir des blocs opératoires qui ne répondent pas aux normes. Il est inacceptable aussi que le consommable manque dans les hôpitaux.
Les malades se plaignent souvent du comportement du personnel médical dans les hôpitaux…
Pour le personnel médical, il y a des choses à revoir aussi. Donner la chance aux jeunes qui font des efforts. Il y a aujourd’hui des médecins plus anciens qui occupent encore des postes alors qu’ils devaient partir à la retraite. Près de 60 % des médecins hospitaliers sont des femmes. La profession se féminise. Le problème des zones déshéritées ne peut pas être réglé par le service civil. Il faut des solutions persuasives. Le personnel médical doit être payé comme les fonctionnaires de Sonatrach. Pourquoi une secrétaire de Sonatrach a?t?elle des billets d’avion gratuits pour rentrer chez elle et le médecin non ? Les jeunes considèrent le service civil comme une condamnation. Dès qu’ils en trouvent l’occasion, ils reviennent aussitôt au nord ou partent à l’étranger. Il ne s’agit pas de revoir la carte sanitaire mais de réfléchir à des solutions pour mieux rentabiliser les compétences médicales.
Il y a aussi un problème de lois qu’il faut résoudre. Par exemple, la loi sanitaire de base date de 1985. Elle est devenue obsolète. La pratique de la médecine a changé depuis vingt ans. Cette loi est à refaire à condition que tous les professionnels de la santé puissent y contribuer. Une telle loi, qui engage la santé sur vingt ans, ne peut être faite par deux ou trois fonctionnaires du ministère de la santé. Il est clair que le médecin choisit un statut. S’il est dans le service public, il a une mission de soins, d’enseignement et de prévention. Dans le privé, le médecin a d’autres règles.
À combien évaluez-vous le nombre de médecins algériens qui travaillent à l’étranger ?
Selon des statistiques de l’Ordre des médecins français, il y aurait près de 4 000 médecins algériens, toutes spécialités confondues, en France métropolitaine. Ces médecins n’ont pas des statuts à la hauteur de leurs compétences. Ils tiennent les urgences et s’occupent d’autres tâches plus difficiles. En plus de la France, le Canada et les pays maghrébins attirent les médecins algériens. Nous formons pour les autres.
Le nombre de médecins est-il suffisant en Algérie ?
Largement. Le ratio est d’un médecin pour 800 habitants en Algérie. Les normes de l’OMS, c’est un médecin pour 1 000 habitants
Dans le privé, l’accueil des malades est mauvais. Les cabinets médicaux sont souvent pleins et les médecins ne travaillent pas sur rendez?vous. Pourquoi les médecins ne s’organisent?ils pas pour mieux accueillir les patients ?
Dans le privé, il y a des spécialités qui sont très sollicitées. Ce n’est pas normal. Les malades n’ont pas confiance dans le secteur public. Lorsqu’on a un problème, on cherche d’abord la compétence qui normalement existe dans le secteur public. Dans le privé, c’est le confort et le traitement personnalisé qui sont recherchés. En France, le privé travaille sur rendez?vous. Chez nous, le privé est trop sollicité parce que dans le public, il n’est pas facile d’obtenir des rendez?vous, il y a des pénuries de consommables, le chef de service n’est jamais là, le maitre assistant très occupé. Le secteur public est désorganisé.
Les syndicats ont eu raison de poser le problème des rétributions. Ils ont été méprisés par l’ancien ministre de la Santé. Il y a eu des grèves qui ont duré anormalement dans le secteur public. Même les hauts responsables de ce secteur ne s’étaient pas inquiétés. Cela a contribué à décrédibiliser davantage le secteur public. Il faut des discussions avec les partenaires sociaux. Les Algériens sont d’excellents médecins. Il faut leur donner les moyens. Si l’État était dans de mauvaises dispositions financières, à ce moment?là, on ferait des économies. Mais comment expliquer que nous avons toujours des pénuries de médicaments alors qu’à la fin de l’année, on terminera avec 20 milliards de dinars d’importation de médicaments.
Comment évaluez-vous les premières décisions du nouveau ministre de la Santé ?
Nous avons accueilli avec beaucoup de satisfaction la nomination du Professeur Abdelaziz Ziari, qui est médecin, à la tête du ministère de la Santé. Les premières décisions sont très encourageantes. Nomination du DG de l’Agence nationale du médicament, en application d’une loi votée en 2008, réception des syndicats pour reprendre le dialogue social. En ce qui nous concerne, nous espérons une démocratie participative. Nous avons des propositions et nous voulons que les secteurs public et privé puissent coexister en Algérie. Et surtout avoir un niveau de médecine comparable au moins à celui des années 1980. Ces dernières années, malgré les moyens colossaux et les dépenses faramineuses, les résultats n’ont pas suivi. Nous espérons être reçus.
Quelles sont, selon vous, les mesures urgentes à prendre dans l’immédiat ?
Effectivement, il ya des mesures à prendre sans plus attendre. Réactiver la lutte contre les maladies chroniques, en particulier le plan anticancer, et assurer la disponibilité des médicaments anticancéreux. La mutation épidémiologique est là. Sur le plan de la localisation des structures de santé publique, les Algériens n’ont plus confiance dans les structures dites de proximité. Tout le monde afflue vers les grands hôpitaux qui croulent sous une pression considérable. Il faut redonner confiance aux citoyens algériens qui préfèrent aller en Tunisie pour se faire soigner alors que ce pays n’a pas les moyens de l’Algérie. Il y a une sorte de désespérance du malade algérien. Il n’a plus confiance en la médecine. C’est dramatique.
Il faut remettre la santé au cœur de la politique. Lorsqu’on dit au malade qu’on veut l’hospitaliser, c’est comme si on avait signé son arrêt de mort. Un Conseil de gouvernement doit être consacré à la santé. Il faut des actes de prévention. Pour mieux lutter contre les cancers, par exemple, il faut agir au début. Pour le diabète, il faut essayer d’influer sur le mode négatif de consommation des Algériens. Il ne faut pas se contenter de petites campagnes. Même chose pour les maladies cardiaques. Il faut frapper les imaginations. C’est cela la prévention primaire. Nous consommons beaucoup d’antidiabétiques, en particulier l’insuline, ce qui fait le bonheur des laboratoires nordiques et français. On ne peut produire de l’insuline parce que ce sont des procédés complexes. En matière de médicaments, l’investissement national, qui doit être important, doit se concentrer sur le générique, qu’il faut surveiller. Il faut qu’on soit sûr de leur bioéquivalence. Le médicament le plus récent est le plus cher.
L’Algérie ambitionne de réaliser, en partenariat avec des laboratoires américains, un centre de biotechnologie. Êtes-vous confiant quant à la réalisation de ce projet ?
Il ne faut pas croire aux illusions. Les Américains veulent s’installer chez nous juste pour faire des essais cliniques ? Comment peut?on imaginer qu’ils vont produire des médicaments de dernière génération et les mettre gratuitement à la disposition des Algériens ? Pour mettre au point une nouvelle molécule, il faut parfois un investissement de 100 millions de dollars. Il faut savoir ce que l’industrie algérienne peut faire sous contrat. Encourager l’investissement productif.
Comment peut-on rétablir la confiance en la médecine publique alors que les responsables algériens se soignent presque tous à l’étranger ?
Il faut justement que les responsables donnent l’exemple. Je ne parle pas du président de la République. Il a droit à des égards. Il est arrivé que dans certains pays très développés, on, puisse demander l’avis d’un autre pays, sur la santé d’un président. Mais chez nous, dès qu’un citoyen lambda accède à une petite responsabilité, il cherche une prise en charge pour aller se faire soigner à l’étranger. Il y a des limites. Parce que la confiance est rompue. En Algérie, il y a beaucoup de bons médecins qu’il faut organiser. On doit payer les gens à hauteur de leur sacrifice. Des fonctionnaires touchent trois fois plus qu’un médecin. Ce n’est pas normal.
Outre la pénurie de médicaments, les vaccins pour bébés manquent aussi chez nous…
L’Algérie était leader dans la lutte contre les maladies infectieuses, maintenant nous sommes confrontés à des problèmes de distribution. Pourtant, dans la lutte contre la tuberculose, l’Algérie a fait école dans le monde. Elle a mis au point un traitement contre la tuberculose vénéré dans le monde.
Les erreurs médicales sont nombreuses en Algérie. Avez?vous des plaintes de la part de malades ?
Nous avons 200 dossiers de plaintes pour erreurs médicales. D’autres plaintes ont été déposées au niveau de la justice. Nous revendiquons la dépénalisation de l’erreur médicale. Souvent, des médecins qui ne sont pas responsables d’erreur médicale se retrouvent en prison. Un médecin n’est pas un délinquant.
Amélioration de la formation paramédicale pour une meilleure prise en charge du patient.
Le président de l’Association algérienne scientifique des paramédicaux, M. Mahdjoub Benali, a plaidé jeudi à Alger, pour l’amélioration de la formation en vue d’une meilleure prise en charge du patient.
Les pouvoirs publics ont arrêté un programme de formation au profit du corps paramédical pour améliorer le niveau, a indiqué M. Benali en marge du colloque international des paramédicaux appelant ce dernier à relever le défi au regard de l’importance qu’il revêt.
Les participants venus du Canada, de France, de Tunisie et du Maroc ont présenté des exposés sur les expériences de leurs pays respectifs et le rôle du corps paramédical dans le cycle des soins. Mme Anne Marie, chef d’un service de formation paramédicale (France), a affirmé que son pays a mis en place des cadres juridiques fixant le rôle de l’agent paramédical et la mission de l’auxiliaire médicale qui est en mesure, en vertu de la loi, de prescrire des ordonnances.
Elle a précisé qu’en France, le malade a le droit de prendre connaissance du dossier médical, soulignant que le médecin et le paramédical doivent tenir compte de l’accord du patient quant au traitement prescrit.
De son côté, M. Robert Grande, président du conseil canadien de la certification des entreprises en gestion et formation, a insisté sur la réunion des moyens indispensables à l’établissement hospitalier et la collaboration médecins/assistants paramédicaux et, même l’administration, pour l’amélioration de la prise en charge du malade et de la qualité des soins.
Salem Boudouh, de l’hôpital de Genève (Suisse), a relevé quant à lui, la qualité des soins prodigués dans ce pays qui diffèrent totalement, selon lui, de ceux suivis en Algérie car les prestations sanitaires sont prises en charge par des sociétés d’assurances privées. Les établissements hospitaliers suisses se distinguent par une « gestion rigoureuse », a-t-il dit avant de faire remarquer que tous les acteurs du secteur sanitaire sont au service du malade.
Les hôpitaux sont tenus de rédiger des rapports médicaux détaillés sur les dépenses prises en charge par les sociétés d’assurances, a-t-il encore argué. Par ailleurs, le ministère de la santé a ouvert en collaboration avec le ministère de l’enseignement supérieur 7982 places pédagogiques de formation paramédicale pour l’année universitaire 2012/2013 dans 32 instituts de formation spécialisée.
Cette opération s’inscrit dans le cadre de la formation du corps paramédical conformément au système « LMD » au profit de bacheliers dans les filières sciences et lettres, sans concours et avec garantie d’emploi à la fin du cursus. Selon les deux ministères, le nombre des places pédagogiques devra augmenter pendant les prochaines années « en fonction des besoins de chaque région dans les différentes spécialités », rappelant l’inscription de nouvelles spécialités
L’amélioration des approvisionnements des établissements publics en produits pharmaceutiques et équipements pour
ALGER – L’amélioration des approvisionnements des établissements publics en produits pharmaceutiques et équipements pour une meilleure prise en charge sanitaire du citoyen compte parmi les actions prioritaires du gouvernement dont le plan d’action est présenté mardi à l’Assemblée populaire nationale.
A ce titre, le gouvernement procédera à l’amélioration des approvisionnements des établissements publics et des officines ainsi que des circuits de distribution.
Le gouvernement travaillera aussi à l’instauration de la rigueur dans la gestion des stocks au niveau de la PCH et des établissements de santé pour prévenir les pénuries.
Le renforcement de la production nationale, la promotion du générique et la réhabilitation de l’Institut Pasteur d’Algérie, figurent parmi les buts visés par le gouvernement.
Le gouvernement veillera aussi à la mise en place de l’homologation, de la normalisation et de la promotion de l’assistance technique des équipements.
En matière de développement, le gouvernement procédera à l’intégration de la formation paramédicale dans le système universitaire (LMD) et la mise en place d’instituts nationaux de formation supérieure paramédicale et de sages-femmes avec l’initiation de programmes de formations qualifiantes dans les domaines de santé prioritaires.
Le gouvernement veillera dans le même sens à la régulation des flux de recrutement dans les différentes spécialités et à l’élaboration de programmes de formation initiale à l’émergence de nouveaux métiers de santé.
Le développement d’une stratégie de formation d’équipement et d’intersectorialité ainsi que le renforcement de l’appareil de formation initiale avec la réception des nouvelles structures de formation, figurent parmi les buts visés par le gouvernement.
Le gouvernement veillera aussi au développement du réseau des TIC et du e. Learning.
Sur le plan du système d’information, de l’informatique et de la communication le gouvernement mettra en place un site web. Un dossier électronique médical sera conçu et réalisé afin d’améliorer la qualité des soins, la prise en charge des patients et la gestion opérationnelle des services hospitaliers.
S’agissant de la prise en charge médicale des habitants des Hauts plateaux et du sud, celle-ci sera améliorée à travers le lancement du réseau pilote de consolidation et pérennisation du système télémédecine.
Le gouvernement procédera, enfin, à l’adaptation de la loi sanitaire de 1985, à travers l’élaboration d’un nouveau projet de loi qui sera introduit en 2013.
Amélioration de la certification des causes médicales de décès
En Algérie, la mise en application de ce modèle pour l’homogénéisation de l’information
sanitaire à l’échelle nationale reste primordiale.
De façon globale, son objectif est d’élaborer et de décrire des statistiques de causes de décès,
ce qui suppose le recueil de l’information, le traitement informatique des données recueillies
(codage au moyen de la 10éme classification internationales des maladies), l’analyse
statistique de ces données, l’interprétation épidémiologique, l’exploitation et la diffusion des
résultats.
Ces données constitueront une source d’information sur l’état de santé de la population
algérienne et devront permettre la planification, la gestion et l’évaluation des services et des
programmes de santé.
La réalisation de cet objectif est cependant tributaire de la coopération très active et continue
de la part de tous les praticiens du secteur publique et privé.
L’amélioration de la prise en charge médicale, une impérieuse nécessité
Les enfants et nourrissons sont très fragiles face aux maladies pouvant survenir dans une période de leur âge. Leur corps qui se développe en cette période permet de rendre plus efficace leur système de défense. Cependant l’absence de prise en charge sur le plan nutrition peut nuire à leur santé et les affaiblit face à certains types de maladies comme la varicelle et la grippe, lesquelles constituent des épidémies aux conséquences graves.
Au niveau de la wilaya de Aïn Defla, les enfants en bas âge sont victimes de certaines maladies parfois graves sur leur santé et risquent d’influer à la longue sur leur vie entière. Généralement cela est dû à l’absence d’une culture de santé chez les parents ou nombre d’entres eux prennent ce volet à la légère et, ce, pour différentes raisons liées au niveau de vie et d’instruction des parents, lesquels, à cause de la dégradation du pouvoir d’achat, n’arrivent pas a procurer une alimentation équilibrée, capable de renforcer leur système de défense.
Entre autres, les enfants habitant le milieu rural souffrent également des conditions de vie marquées par la vague de froid qui règne et qui provoque l’apparition des maladies liées au froid. La grippe qui fait partie de ces maladies engendre des complications sur l’appareil respiratoire des enfants et, ce, en l’absence de prise en charge médicale, appropriée. Selon des médecins, la mauvaise prise en charge de ce genre de maladies chez les enfants risque de provoquer d’autres maladies plus graves. Entre autres, le programme de vaccination qui a observé ces dernières années des perturbations inquiétantes à cause du manque de vaccins a eu, également, des répercussions sur la santé des enfants en bas âge, d’autant plus que des retards ont été enregistrés dans leur programme de vaccination.
La qualité de soins en Algérie : Comment l’évaluer pour l’améliorer
Ce qui est différent aujourd’hui, c’est une préoccupation largement répandue parmi les professions de la santé sur la qualité de soins de santé. Ceci est couplé à l’insatisfaction croissante de la part de la population et des décideurs politiques au sujet du système de soins de santé, des pressions incessantes pour le contrôle des coûts et les incertitudes quant à l’effet de la compression des coûts sur la qualité des soins. Afin de concevoir une stratégie pour améliorer la qualité des soins, il serait nécessaire sinon primordiale de procéder à une étude approfondie pour déterminer les véritables aspects et piliers de la qualité des soins.
La nécessité d’une définition claire de la qualité des soins
Généralement, notre pays est perçu comme ayant une base faible, néanmoins perfectible, de soins de bonne qualité, et les citoyens sont généralement insatisfaits de la qualité des soins qu’ils reçoivent. Cette perception est très contradictoire avec les moyens humains et matériels prodigués pour améliorer le service dans tous les secteurs de la santé, nous citons à titre d’exemples la modernisation des structures de soins, la multiplication et le développement des structures de santé de proximité, ainsi que l’ouverture de plusieurs nouveaux centres hospitalo-universitaires dans les cinq différentes régions sanitaires du pays. Mais la sur-utilisation des services inutiles et inappropriés, la sous-utilisation des services nécessaires, certaines incompétences techniques (médicales et gestionnaires), et les relations interpersonnelles ou les mauvais jugements dans la prestation de services appropriés font penser que des problèmes importants existent dans la qualité des soins et dans les approches actuelles de l’assurance qualité. Ces problèmes sont suffisants pour justifier une réorientation majeure de l’assurance qualité dans notre pays et, en particulier, une stratégie plus globale d’assurance qualité dans l’assistance médicale fournie. Il faut avouer qu’il n’y a pas de cadre conceptuel ou une approche unique pour la qualité de soins susceptibles de convenir à tous les besoins. Aussi, il existent différentes approches pour la qualité des soins qui peuvent être revues ou assurées pour les différents sites de santé (hôpitaux, cliniques, dispensaires) et pour différentes structures organisationnelles.
L’amélioration de la qualité des soins passe obligatoirement par une définition claire de la qualité des soins. Dans ce cadre, la définition faisant l’unanimité au niveau international est signée de l’institut de médecine des Etats-Unis, lequel propose pour qualité des soins : «la capacité des services de santé destinés aux individus et aux populations d’augmenter la probabilité d’atteindre les résultats de santé souhaités, en conformité avec les connaissances professionnelles du moment».
Trois facteurs qui font le trépied de la qualité des soins:
On peut considérer que la qualité des soins repose sur trois facteurs, sur lesquels on peut agir de manière complémentaire:
Les structures de soins disponibles: Les hôpitaux, cliniques, cabinets médicaux généralistes et spécialistes.
Les règles d’organisation du système de soins en fonction des objectifs fixés à partir des besoins sanitaires. Elle implique notamment les critères d’accès aux soins et de prise en charge des patients.
La compétence professionnelle des soignants qui relève de :
– La formation initiale, universitaire, sanctionnée par un diplôme national, une qualification délivrée par le Conseil National de l’Ordre des Médecins.
– La formation continue qui relève des associations de FMC et des sociétés savantes. Le développement et l’évaluation de la compétence professionnelle n’ont de sens que dans le cadre d’un système de soins cohérent et accessible aux patients à qui il est destiné. La qualité d’un système de soins doit être évaluée à l’aune des «besoins du patient». Cette notion de «besoins du patient» est plus complexe que le simple désir d’acheteur dans un système commercial. Dans le cadre médical, les «besoins du patient» doivent également inclure :
– Des impératifs médicaux, parfois contradictoires avec la demande immédiate exprimée par le patient;
– Une logique de prise en charge qui passe parfois par une étape de confrontation et de négociation entre le médecin et son patient dans laquelle l’écoute et la pédagogie sont toujours nécessaires. Cette complexité peut également être abordée sous l’angle de la décision médicale. Celle-ci repose à la fois :
– Sur des données factuelles, «scientifiques», sans cesses contrôlées, vérifiées, mises à jour (la médecine basée sur les preuves)
– Sur des données issues de la compréhension et de l’analyse de la demande du malade
– Sur les réalités du système de soins (contraintes administratives, offre de soins, conditions d’accès aux soins, etc). Ces trois pôles, également légitimes, suscitent des contradictions. C’est tout l’art médical que de savoir les détecter, les analyser et les résoudre. La pratique médicale doit être évaluée afin de détecter ses déviances et y apporter les corrections nécessaires. Elle est cependant souvent difficilement observable, l’évaluation pourrait être indirecte et porter sur :
– Le procédures mises en place.
– Les pratiques elles-, quand elles sont observables.
– Les résultats de ces pratiques.
Des approches évaluatives complexes
Les réformes entamées ces dernières années dans le secteur de la santé ne se sont pas justement emparées de la question de l’évaluation et la promotion de la qualité des soins, malgré la pression de la tutelle allant du Ministère de la santé à la Présidence de la République, car toute la difficulté dans l’identification des critères concrets sur lesquels mesurer la qualité des soins. S’agissant de mesurer pour améliorer. Que pourrait-on évaluer, les professionnels ou les établissements? Dans cet objectif, par rapport à quel critère les professionnels de santé seraient-ils évalués? Par rapport à leur environnement (accueil, propreté, équipement, etc), à l’exercice de leurs pratiques (dispositif d’évaluation des pratiques professionnelles, règles de bonnes pratiques, etc)? Ou par rapport à leurs compétences (bilan professionnel, actualisation des connaissances et des pratiques, etc)? Et les établissements de soins, privés ou publics, qui sont en premier lieu concernés par la qualité, leurs services devraient-ils être évalués sur la sécurité? Les coûts? Ou la performance des soins qu’ils prodiguent?
Bien sûr l’évaluation doit-être générale et globale et doit prendre en compte tous les intervenants dans leurs différents domaines d’intervention. Le premier pas vers l’évaluation des établissements de soins serait sans aucun doute par la création d’une institution étatique indépendante chargée de procéder à l’accréditation des établissements de soins et qui devrait mettre en oeuvre la qualité des soins: Actuellement, la qualité des soins en Algérie devrait reposer sur le développement de différents outils de mesure axés sur l’évaluation individuelle des professionnels de santé et l’évaluation des établissements respectant les bonnes pratiques (certification, indicateurs, des contrats d’amélioration des pratiques, etc), , la maîtrise des coûts par la rationalisation des dépenses de santé ainsi que l’action du MSPRH relayée par les cinq conseils régionaux de la santé.
En définitif, la qualité d’un système de soins s’évalue in fine sur ses résultats. L’évaluation des pratiques est donc le point de départ de toute démarche qualité en médecine. Cette qualité est bien sûr en fonction de la qualité de ses professionnels, mais aussi des moyens mis à leur disposition. Mais elle dépend également du type de système de soins qu’exige la société. Cette évaluation générale des résultats dépend bien évidemment des référentiels qui ont été choisis et des objectifs que l’on lui assigne. Le classement OMS du système de soins, les réactions et commentaires que cela entraîne illustrent parfaitement la complexité de ces approches évaluatives. Comme celle des textes écrits, l’abord des évaluations de systèmes nécessitent que l’on garde à leur lecture un esprit critique acéré fondé sur une bonne compréhension de ses mécanismes et de ses enjeux.
Il apparaît qu’il ne s’agit ni d’être complètement euphorique ni complètement pessimiste sur les pratiques de la gestion de la qualité dans le secteur de la santé. Une analyse critique, basée sur les évidences scientifiques, laisse penser que la réalisation du plein potentiel de la gestion de la qualité ne va pas de soi. Il en est de même pour son ancrage et sa pérennité. Cela étant, ceci ne signifie pas que la gestion de la qualité n’a aucun avenir dans le secteur de la santé. Il est donc question d’analyser finement les processus de déploiement des démarches qualité. Les enjeux ne se situent pas tant au
niveau de l’utilisation des techniques, ni au niveau de la mobilisation des conditions de succès, mais plutôt au niveau de l’adaptation de la démarche au contexte particulier des organisations sanitaires et au niveau de l’intégration des spécificités de l’action médicale dans cette même démarche.
En conclusion, devant la multiplication des démarches qualité au sein du secteur de la santé, il apparaît fondamental mais aussi urgent de développer des mécanismes d’évaluation appropriés pour évaluer les démarches et les comparer entre elles. La procédure d’accréditation constituerait un incitatif fort à leur développement dans nos hôpitaux et cliniques publiques et privés, même si le démarrage lent de ce processus ne permet pas pour l’instant d’en mesurer l’impact. Ainsi, les tutelles n’ont pas encore intégré les résultats de la procédure dans le cadre de leur processus de décision, les professionnels n’y retrouvent pas toujours leurs préoccupations spécifiques prises en compte dans les référentiels utilisés, le public enfin n’est pas habitué à des informations proches ni de ses préoccupations immédiates ni de ses préoccupations lointaines.
Le développement des démarches les plus efficaces ne pourra se faire qu’au regard des efforts demandés par leur mise en place, tant sur le plan humain que financier. Une réflexion doit être menée pour répondre à la question: Comment saurons-nous que cela marche?